SÉMINAIRE DE PHILOSOPHIE
PRÉ-BANQUET

24 - 26 juillet 2025

IVAN SEGRÉ

LE CORPS ADAMIQUE

Ivan Segré
© Sandra Lévy
Les jeudi 24 et vendredi 25 juillet, Ivan Segré a conduit, pour la troisième année consécutive, un séminaire de philosophie, Le corps adamique, au cours duquel il a interrogé la dualité masculin-féminin du corps « glorieux » de l’humain.
Le séminaire s’est déroulé pendant deux jours et s’est conclu, dans la matinée du troisième jour, par une excursion cabalistique.
Co-production du Centre culturel, Les arts de lire et du Marque-Page, il a été suivi par plus de trente participants.
 
Dans l’antiquité, la tradition hellénistique a véhiculé une glorification de la pensée théorique dont le corollaire a été une dévalorisation du corps, l’opposition entre l’âme et le corps, l’esprit et la matière, ayant structuré l’axiologie d’un penseur comme Philon d’Alexandrie, principal représentant du judaïsme hellénisé.
Une telle dichotomie a en outre contribué à légitimer le patriarcat, le féminin étant assimilé à la matière, passive, tandis que le masculin était assimilé à l’esprit, actif ; d’où la fameuse affirmation d’Aristote au sujet de la femme au sexe « mutilé », l’imperfection de la femme au regard de l’homme devenant un lieu commun de la philosophie antique, attesté notamment sous la plume de Philon : « Le mâle est plus parfait que la femelle (…). La femelle n’est rien d’autre qu’un mâle imparfait » (Quaest. Ex. I,7).
Qu’en est-il dans le corpus biblique et talmudique ? Dans la Bible, la création de l’humain est relatée en deux temps, faisant l’objet de deux récits successifs : l’humanité est d’emblée créée masculine et féminine en Gen. 1, puis en Gen. 2 l’humain – Adam – est d’abord créé masculin, et c’est seulement après, dans un second temps, que la femme – Eve – est créée à partir de l’un de ses « côtés ». L’apparente contradiction de ces deux récits successifs est, de prime abord, énigmatique. L’objet du séminaire sera d’interroger cette énigme à la lumière de certains enseignements talmudiques, l’enjeu étant d’approcher l’antique conception juive du corps glorieux de l’humain et de réfléchir à la question que pose sa dualité, masculine et féminine.

Ivan Segré est philosophe et talmudiste. Ses travaux portent sur le judaïsme antique et médiéval, sur la philosophie classique et contemporaine, ainsi que sur les sciences humaines. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Qu’appelle-t-on penser Auschwitz ? (Lignes, 2009), Le Manteau de Spinoza (La Fabrique, 2014), La trique, le pétrole et l’opium (Libertalia, 2019), Misère de l’antisionisme (L’éclat, 2020) et La Souveraineté adamique (Amsterdam, 2022).

Excursion cabalistique au cours du séminaire « Le décentrement : la traduction de la Tora en grec » en 2024
© Idriss Bigou-Gilles